 
        La journaliste Rachel Kwarteng propose sur le site de TV monde plus, une série documentaire sur les « cheveux afro ». Une histoire passionnante, et parfois sidérante, du cheveu crêpu.
La série documentaire, construite en 5 courts épisodes, débute avec… une suite d’insultes : « des cheveux de chien, une touffe sur la tête, t’as des poils de cul, t’as une éponge à gratter… » Liste non exhaustive des remarques entendues par des femmes noires au cours de leur enfance.
Des insultes pour des cheveux ! Comment et pourquoi des cheveux crépus suscitent autant de réactions ?
Pour évoquer cette histoire esthétique, sociale et politique, la journaliste Rachel Kwarteng a interviewé une vingtaine de femmes concernées par le sujet. Elles racontent à quel point, depuis leur plus jeune âge, elles ont intériorisé des codes, des injonctions, celle notamment d’avoir des cheveux lisses !
Des cheveux lisses, parce que plus conformes aux canons de beauté des blancs. Et pour cela, des générations de femmes noires ont utilisé des produits de défrisage à l’odeur… étonnante. Celle du « Destop » ou autres marques de déboucheurs. A se demander si ces produits de coiffure ne sont pas du poison.
Or, au regard du principal composant – de la soude ! – la question se pose réellement. En plus de brûler le cuir chevelu, ces produits provoquent « des alopécies, attaquent les poumons, augmentent le risque d’avoir des fibromes utérins et un cancer de l’utérus ».
Une histoire liée à l’esclavage
Ce documentaire revient ainsi sur cette forme de racisme née au XVIe siècle quand les esclaves étaient rasés par les colons. A cette époque, chaque coiffure était une sorte de carte d’identité de la personne. Elle indiquait l’origine d’une tribu, une position sociale, l’âge, le statut marital. Alors quand les colons décident de raser les cheveux, ils broient des identités, ils déshumanisent ces hommes et ces femmes !
Dans cette histoire politique et capillaire, il a fallu alors attendre longtemps pour que les cheveux au naturel soient acceptés. Ce début d’émancipation date des années 60, notamment sous l’influence d’Angela Davis et des Black Panthers. L’heure est alors au « Black is beautiful ».
Quelques décennies plus tard, dans les années 2000, les femmes se libèrent et libèrent leurs cheveux. Le mouvement « Nappy » est en marche. « Nappy » ou la contraction de « Natural » et « Happy ».
Désormais, les femmes font ce qu’elles veulent ! A priori en tout cas…
Cette histoire de cheveux permet de mieux comprendre pourquoi le 28 mars dernier, l’Assemblée nationale a voté en première lecture, une proposition de loi visant à intégrer la discrimination capillaire dans le code du travail.
Vous trouvez ça étonnant ? Le témoignage d’Aline Tacite, coiffeuse, prouve que cette loi a tout son sens : « J’ai des clientes tous les jours, au salon, qui me disent « s’il te plait, fais moi une coiffure qui passe ». Je leur dis mais « c’est quoi « qui passe » ? Il faut que ça fasse pas trop noir, pas trop visible ? Mais en même temps, c’est toi ! Même si je gomme un peu tes cheveux, t’es noire ! »
« Cheveux afro » s’impose ainsi comme un documentaire engagé permettant de mieux comprendre comment les cheveux sont devenus une extension de l’identité de ces femmes.
Les 5 épisodes de « Cheveux afro » sont à découvrir gratuitement sur la plateforme TV5Monde plus.
Source: https://www.radiofrance.fr/personnes/eva-roque
